Encore plus que les années précédentes la foule se pressait dans les rues de Séville. Il est vrai qu’en 2024, les processions n’avaient pu sortir à cause du mauvais temps. ©JYB
Parce qu’on ne va pas à Séville seulement pour les corridas, même si on est aficionado, un regard décalé sur la Semaine Sainte 2025. Une foule immense a accompagné les Christs et les Vierges tout au long de la semaine et pas seulement dans la nuit de jeudi moment le plus fort des cérémonies pour les Espagnols.


Parce que le jeudi et le vendredi sont les deux jours les plus importants de la Passion du Christ, les femmes revêtent en ces jours la mantille noire, même si elles ne participent pas aux processions.

Les confréries, bien qu’elles soient rattachées à une église ou un couvent ne sont pas des organismes religieux, mais essentiellement des associations caritatives: si les membres paient une cotisation assez modeste, il ne leur est pas interdit de faire un don plus conséquent. Mais la plupart des membres sont croyants et attachent une grande importance à leur participation à la procession (le terme n’est pas tout à fait exact). Dans la plupart des confréries, ne sortent en procession que des volontaires en nombre limité : ainsi la Macarena qui compte près de 18000 membres (dont plusieurs toreros) n’en fait sortir en 2025 que 4800 !


Contrairement à l’idée que l’on s’en fait, sans doute à cause du souvenir de l’inquisition, le capirote, cette cagoule surmontée d’une coiffe pointue vise à élever l’âme du pénitent vers le ciel.

Pendant les 6 à 14 heures que va durer la sortie de la confrérie (en fonction de l’éloignement de son siège par rapport à sa destination, la cathédrale), le pénitent a le temps de méditer et pour certains de faire pénitence..

Ces processions qui commémorent la Passion et la mort du Christ voient environ 10 % des pénitents défiler pieds nus.

D’année en année, les jeunes participants se multiplient dans les confréries. Certes, une partie est traditionnellement inscrite dès sa naissance dans l’assemblée et processionne dans les bras de sa mère les premières années, mais la participation des jeunes est à l’évidence en augmentation.


Parmi les membres des confréries les plus remarquables, les costaleros, c’est à dire les porteurs des pasos (pour les Christs) ou des palios (pour les Vierges): ces « chars » fabriqués en bois, argent ou vermeil, sur lesquels trônent plusieurs personnages et /ou une décoration de cierges et de fleurs, pèsent jusqu’à 3 tonnes ! Ils sont portés par 30 à 40 costaleros dont le travail peut être très compliqué: Sur cette photo, on voit que le palio ne passe pas la porte, et donc ils devront s’incliner pour franchir l’obstacle. En certaines occasions, ils doivent même progresser à genoux. Compte tenu de l’effort à fournir, 2 ou 3 équipes de costaleros se relaient tout au long de la procession. Mais ils porteront au long de l’année la marque de ces efforts entre leurs épaules.




Les pasos et palios sont richement décorés : des équipes de femmes travaillent plusieurs jours pour créer les offrandes de fleurs qui ornent en particulier les palios.


Après le retour dans la basilique les « centurions » musiciens qui accompagnent le paso du Christ de la sentence de la Macarena rentrent chez eux et sortent ce dont on ne peut plus se passer : le portable! Notons que, comme les toreros, leur costume comporte des bas roses.

Il y aurait encore bien d’autres détails à évoquer, mais pour cela, il faudra vivre d’autres Semaines Saintes sévillanes.
Magnifique, merci Jean-Yves pour cet émouvant reportage
Joli « reportage » !
Merci Jean-Yves