C’est au sympathique Village que se déroula la dernière soirée du CTP précédant la pause estivale ; l’invité du jour, le Nîmois d’adoption Eddie Pons président de l’association Les Avocats du Diable depuis 25 ans.
Après que Thierry Vignal ait rappelé les différentes soirées littéraires organisées auparavant par le CTP, Jean Davoigneau présenta son « ami de trente ans », Eddie Pons , se remémorant les moments formidables qu’ils ont partagés.
Eddie fit part des salutations fraternelles et taurines de Marion Mazauric qu’il connaît depuis très longtemps et de Jacques Olivier Liby invité du CTP en avril 2024.
Eddie Pons, à la demande de Jean Davoigneau, présente à la fois l’association Les Avocats du Diable ainsi que les éditions du Diable Vauvert, créées par Marion Mazauric à son retour à Vauvert après des années parisiennes. Les éditions du Diable Vauvert, s’installèrent dans une ancienne école de Vauvert, aménagée par la mairie. Ce lieu, au sein de la Petite Camargue, a permis à six cents auteurs de s’y installer en résidence, auteurs du Diable Vauvert ou d’autres maisons d’édition.

Comment le prix international Hemingway a-t-il vu le jour ?
En 2004, Marion Mazauric au retour d’un salon du livre dans le Sud-Ouest, où elle avait présenté le livre de Simon Casas, « Taches d’encre et de sang », eut l’idée de créer un prix qui récompenserait des nouvelles en lien avec la tauromachie afin de donner une dimension littéraire à la féria de Nîmes, durant laquelle il serait attribué chaque année.
Elle sollicita Eddie Pons, président de l’association les Avocats du Diable, afin qu’il participe au jury. Il hésita un peu, étant un dessinateur plutôt qu’un littéraire mais finit par accepter. C’est ainsi que depuis 21 ans, il participe à l’attribution du prix Hemingway.
Le jury composé de 7 personnes et présidé par Laure Adler se réunit le vendredi de la féria pour délibérer. Parmi les membres du jury : Marion Mazauric, l’autrice Anne Plantagenet, les écrivains, journalistes Michel Cardoze et Claude Sérillon, la journaliste Marianne Payot , le journaliste François Bachy , le réalisateur et dessinateur Eddie Pons ici présent, ainsi que le lauréat de l’année précédente, Fabien Penchinat pour le jury 2025.

Les nouvelles sont anonymisées dès la phase de présélection, qui débute en février, date de dépôt des nouvelles. Cette présélection est effectuée par un comité de lecture indépendant du jury. Ce comité a pour tâche de ne conserver que les nouvelles remplissant entre autres les critères suivants : être une œuvre de fiction ayant un lien avec la tauromachie. Ce qui laisse une grande latitude aux œuvres qui s’avèrent de plus en plus diversifiées. Les auteurs ne sont pas forcément des aficionados ou aficionadas. Ainsi, la lauréate 2025, Sylvie Callet, est autrice de polar et n’a jamais vu de corrida.
Le chèque attribué au vainqueur a une valeur de 2000 euros, il s’accompagne d’une place dans le callejon. Le montant du chèque s’élevait à 4000 euros jusqu’à la crise COVID, grâce à la participation financière de Simon Casas cofondateur du prix.
La première année, le jury reçut 37 nouvelles. La plus grosse participation fut l’envoi de 277 nouvelles dont 120 en espagnol, qui dans ce cas sont traduites en français certaines par notre invité.
Depuis ces dernières années, le nombre de nouvelles reçues s’échelonne entre 150 et 190, ce qui fait du prix Hemingway un des plus importants prix littéraires récompensant des nouvelles. Ces dernières années, les participantes sont de plus en plus nombreuses, 30 % pour 2025.
Afin d’éviter qu’un auteur ou une autrice capte le prix plusieurs années, les lauréats ne peuvent pas reconcourir. Pour l’anecdote, le lauréat 2024 avait concouru treize fois.

Parmi les aficionados présents à cette soirée, plusieurs participent ou participèrent au prix Hemingway, sans avoir jamais été Lauréat-e . Parmi eux, Philippe Soudée qui, pour autant, n’est pas rancunier, comme le souligna Eddie Pons car, il se vit, lui-même attribuer un prix, lors d’une soirée du Ruedo Newton. Lauréat ou pas, Philippe Soudée estime que ce prix a sa raison d’être car il est chargé de sens.
Nicolas Havouis, également auteur de nouvelles pour le prix Hemingway, déplore que parfois, les nouvelles lauréates ne soient pas très taurines. Pour sa part, ce prix lui permet de servir deux passions, la tauromachie et l’écriture.
Combien de recueils sont-ils vendus ?
Eddie Pons note que les livres taurins ainsi que les recueils de nouvelles n’ont pas vraiment vocation à être des best-sellers. Quelques centaines d’exemplaires sont vendues chaque année. La maison d’édition n’ayant pas d’argent, l’association les Avocats du Diable fait des pré achats. Les livres n’ont pas de diffusion en Espagne car ils paraissent en français ; en conséquence, la participation en langue espagnole (Espagne mais aussi Amérique) diminue.
Quelles évolutions pour le prix Hemingway ?
Eddie Pons dit s’être posé la question à plusieurs niveaux.
Tout d’abord, ne serait-il pas souhaitable de rajeunir le jury ?
Concernant les nouvelles, il serait peut-être nécessaire de resserrer le sujet ?
Il évoque la possibilité de lever l’anonymat afin que des auteurs reconnus y participent ?
Quelques suggestions viennent de la salle.
Éditer le recueil sous forme de BD ou de manga ?
Pourquoi n’y aurait-il pas, parmi le jury, des acteurs du mundillo ?
Pourquoi n’y aurait-il pas pour chaque édition un écrivain invité qui serait hors concours ?
Interrogé sur son travail hors sa mission de président des Avocats du Diable, Eddie Pons résuma sa carrière : Il dessina pour plusieurs quotidiens espagnols lorsqu’il était à Barcelone, puis, de retour en France, pour la presse régionale, Usine Nouvelle et la presse agricole … S’il réalise des dessins sur la thématique tauromachique, comme en témoigne le livre compilation « Scènes d’Arènes », il illustre également des conférences traitant du social ou du travail à travers la formation professionnelle.
Par ailleurs, il est co auteur avec Jacques Durand Pastis de muerte à la feria corrida, imprimé par la revue Corrida, cette œuvre ne leur rapporta aucun gain financier mais des apéros toute l’année lors des invitations dans différents clubs taurins, pour évoquer le livre. Autres ouvrages, Petit nécessaire de toilette à l’usage de ceux qui s’astiquent avant la corrida et avec René Domergue, Avise la pétanque, , Avise le loto,
Parmi les projets en cours, il illustre avec un avocat des brèves et un livre destiné aux enfants, avec Léa Vicens.
Il est également auteur et réalisateur de documentaires, de courts métrages et de dessins animés, comme Flamen’comic’ ainsi qu’à l’origine de nombreuses expositions.

Avant la séance de dédicaces, le président Thierry Vignal, remercie et clôt la soirée en rappelant que la fête du club, avec au programme toreo de salon, quiz taurin et tombola permettant de gagner moult ouvrages taurins , se tiendra le dimanche 22 Juin à partir de 17h.
texte Martine Bourand Lucet photos Jean Yves Blouin
Quelle belle idée tu as eue de photographier l’artiste en train de dessiner !