Antonio Ferrera à la cape devant Pobrecito, n°65 de Victorino Martin, à Séville le 30 avril 2022. ©JYB
On attendait beaucoup de cette corrida de Victorino: Mais seuls les deux derniers ont fait preuve d’un peu de la caste traditionnelle de l’élevage. (le 5ème très bon était fils de Cobradiezmos et semble avoir plus de trapio que son père !).
Les autres, se sont marqués par leur réserve notamment à la pique où il a fallu les rapprocher (Ferrera se trompant dans les grandes largeurs pour ses choix de les placer au plus loin).
Quant aux embestidas, plutôt molles et sans le piquant qui fait la réputation de Victorino, elles n’ont pas permis des lidias dignes de l’occasion.
Quelle explication donner ? Victorino est-il en recul comme l’affirment certains revisteros ? Plus simplement n’est-ce pas une erreur des veedores de retenir une corrida entière de cinquenos de ce fer : on sait que l’âge donne aux toros de l’expérience et du sentido. Ceux qui se refusaient à charger tant que le torero ou le picador n’était pas assez près affirmaient simplement que leur périmètre de sécurité n’était pas franchi ou menacé.
A ce jeu, Ferrera, plus malin et toréant bien le public, (même s’il a eu quelques bonnes séquences face au 5 ème, qui montrent qu’il peut être un grand torero), s’en tire mieux que Perera plus classique et plus profond.
Tous deux se sont pris une cogida, Ferrera sans autre gravité qu’un costume déchiré Perera plus durement atteint :
Parte medico de Perera :
cornada por asta de toro en región dorso lumbar izquierda que afecta a musculatura paravertebral con apertura de fascia toraco-lumbar de dos trayectorias de 6 y 8 cms’. Exploración, limpieza, sutura y drenaje. Pronóstico reservado. Se traslada a Hospital
Pour en savoir plus (ne pas négliger le dernier paragraphe):
On pourra également lire l’avis extrêmement détaillé de Patrick Beuglot sur www.toros2000.com dont voici un large extrait :
« Mais hier, et malgré l’euphorie ambiante, pratiquement tous les revisteros, cachant mal leurs allusions nécessaires à la vérité, « chantent » le triomphe d’un Antonio Ferrera, malin, démago, souvent inesthétique…et torero!
« Malin! », on le sait depuis tout le temps! – Le seul Ferrera « sincère » fut celui qui se présenta, un matin de Feria de Mont de Marsan, en non piquée, accompagné de… Rafaelillo! Il y a… longtemps! – « Malin, roublard, populiste…! » mettant tout à profit, « hors du toro », pour déjà se gagner des bravos « baratitos », comme par exemple… venir de l’hôtel à la plaza, à pied, vestido de torero, par les rues de Séville! Pas un long trajet, mais peuplé de monde aux terrasses des cafés, et résonnant de mille bravos… anticipés! –
« Malin » en faisant gros brindis au personnage actuellement le plus populaire de Séville, Joaquin, Capitaine du Betis victorieux.. Et en plus en le faisant sortir au ruedo, ce qui lui vaudra « multa »! Soyons clairs: Après le brindis, sympa, de Daniel Luque, l’autre jour, au même Joaquin… cela sentait le réchauffé. Mais cela lui valut l’une des plus grosses ovations de la grise tarde. – Malin, « roublard », populiste Ferrera, qui se donne une seconde vuelta, à la mort du cinquième, au prétexte que le Président lui avait refusé une oreille du troisième, et la seconde de ce cinquième. Ce en quoi il avait eu raison ! (La plaza de ce samedi était envahie « d’Extremeños », pas tous aficionados de verdad, bien décidés à faire triompher un cartel « 100% de Extremadura »…)
« Démago », Ferrera ! Et ce n’est pas la première fois… ni la dernière! – Pour « le grand lidiador » qu’il est (sûrement!) on se demande pourquoi il a mis, « si loin », à la première pique, deux toros dont tout le monde voyait bien « qu’ils ne viendraient pas!!! » Sept, huit fois, le piquero fit le cite, hurlant son appel, puya levée… mais en vain! Et le matador, entêté, attendant que le toro bouge une patte, voire « un cil ». – « Oye, Maestro!!! Faites cela « ailleurs », dans les pueblos, ou même en France… pero, por favor, en Sevilla!!!! » – La lidia « raison » eut voulu une première mise en suerte, à distance raisonnablement courte et règlementaire; puis au vu de la promptitude et de la codicia du toro, une deuxième mise en suerte « plus loin », quitte à le mettre au centre, ou même « de l’autre côté du Guadalquivir », pour une troisième de bravoure glorieuse… – Ce qu’a provoqué Ferrera, aux premiers tiers de ses deux premiers adversaires… est une honte! « Y Sevilla sin decir nada! » – Ce qui n’est pas tout à fait vrai, les commentaires Télévisuels, tout aussi flatteurs et démago, couvrant des premières protestations –
« Inesthétique », Ferrera! – Là, ceux qui ont vu la corrida vont se cabrer: « Inesthétique? Vous êtes fou! » – Et ils auront raison… en partie! Certes il y a eu « certains capotazos », parmi les onze recevant le grand cinquième! Certes il y a eu, à ce même « Pobrecito », fils du grand « Cobradiezmos » (indulté ici, en 2016, par Escribano), des muletazos « de cartel », lents, verticaux, suaves à souhait, totalement « dormidos »… sur le voyage! Mais, pour arriver à ce point, combien de capotazos « movidos » et « sobre las piernas »; Combien de muletazos, notamment main gauche, « forcés » et « retorcidos », le vibrato et les sorties, le visage « ravagé par l’effort et la fièvre artistique » séduisant plus le public que la beauté des suertes… – Et puis: La suerte de matar, partant des vingt mètres, en marchant vers le toro, épée en avant! C’est vilain, cela ne sert strictement à rien, ni techniquement, ni artistiquement… mais çà marche!! Même lorsqu’après avoir pinché, Ferrera pique et repique, cherchant à faire pénétrer l’épée… après avoir passé la corne! De verguenza!
Mais… « Torero, Ferrera!! » – Malgré tout ce qui précède (et tout ce qu’on oublie!), on ne peut que reconnaître « l’impact » de Ferrera sur la foule (pas toute, heureusement!) et ce talent qui est le sien « à se mettre en scène, perpétuellement »; et celui de soudain calmer ses ardentes vulgarités, pour « accompagner » magnifiquement la charge adoucie du toro, comme il le fit en fin de faena, face au cinquième: Des muletazos « d’authentique cartel », doucement templés, la figure « verticale » et solennelle, notamment en deux changements de main et une « naturelle de droite »… qui dure encore! – Qu’on le veuille ou non, « il est comme cela! »
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