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Ce livre d’Antonio et Jose Carlos Arévalo est paru récemment et, après les événements politiques de ces dernières semaines, vient rappeler combien compte aujourd’hui le monde taurin français dans la tauromachie mondiale.

Il évoque les 3 plus grandes figures de notre patrimoine taurin Nimeno 2, Juan Bautista et Sébastien Castella. Pour chacun, une courte introduction rappelle leur carrière puis un long entretien, (pour Christian Montcouquiol, c’est bien sûr son frère Alain qui intervient), qui ne cache rien et nous épargne la langue de bois habituelle sur les sites du Web, révèle les clés de leur tauromachie et de leur problématique créative. Suivent ensuite 3 sélections de photos superbes et légendées avec intelligence : un livre à conserver dans toute bonne bibliothèque taurine !

Quelques extraits :

CHRISTIAN MONTCOUQUIOL, NIMENO II

« …jusqu’au jour où Christian se présente à Madrid coupe 2 oreilles, sort par la Grande Porte après avoir pinché ses deux novillos. C’était encore une novillada de Santa Coloma. Manolo Chopera aimait beaucoup cet encaste. Christian aussi. »

« …Il savait que pour bien piquer un toro, il ne fallait pas lui faire mal, le martyriser, juste le faire saigner un peu à l’avant du morillo. Sinon, il risquait de changer, de se défendre, de ne pas suivre sa muleta.. »

« Il avait une conception romantique de la corrida. Je me souviens d’un jour où il venait d’avoir un gros succès, .. quand Chopera lui dit : « tu as été vraiment bien aujourd’hui. Je suis en train de monter la féria de Logrono, voici les corridas, choisis celle qui te plait le plus. » Christian lui a répondu : « celle de Miura ». .. Manolo a insisté, mais n’a pas réussi à le faire changer d’avis. »

JEAN-BAPTISTE JALABERT, JUAN BAUTISTA

Juan Bautista, dernier brindis au ciel et à son père , à Arles le 7 septembre 2019. ©JYB archives

« Les arènes de Vic sont particulières avec leur côté toriste, mais j’aimais y aller, j’ai même réussi à sortir par la grande porte. Concernant les plazas toristes, je regrette de ne pas avoir été à Céret, ça a failli se faire, mais ça n’a pas abouti. Même si certains pensent que j’ai eu la chance de ne pas y aller, j’aurais voulu connaître la sensation d’y toréer au moins une fois. »

…toréer devient de l’art.

« quand on atteint la communion entre le toro, soi-même et le public. Ce ne peut être jamais forcé, toujours improvisé, comme le sont toutes les faenas. Il arrive un stade où tu comprends ce que le toro veut et tout devient naturel et instinctif. C’est là dans le relâchement, que tu oses l’improvisation. De ta façon de toréer, le toro doit être complice. »

Juan Bautista en doblon devant le toro n°46 d’Adolfo Martin à Madrid le 1 er octobre 2017. ©JYB archives

(Miura) :

« Le problème est que sa charge est une demie charge, à mi-hauteur, plus dans la provocation que dans la soumission. Tu dois l’aborder différemment. Pareil pour une corrida de Victorino ou d’Adolfo, le toro de Saltillo européen. Sa charge est différente de celle du Parladé, il faut la saisir avec les envols de la muleta, qu’il ne voit que le leurre, pas de trous… »

Estocade :

«  (mon père) ..quand il parlait de variété, c’était autant à la cape, à la muleta qu’à l’estocade. Il tenait à ce que j’apprenne le recibir. Il disait… qu’avec un bon recibir aux deux oreilles pouvait se rajouter la queue. Un jour… je l’ai essayé et ça m’a réussi.

SÉBASTIEN CASTELLA

Sébastien Castella au paseo lors de son encerrona devant 6 Adolfo Martin, à Nîmes le 17 septembre 2016. ©JYB archives.

« .. J’avais l’intention de m’inscrire à l’école taurine (de Madrid) mais apparemment il y avait trop de demandes, c’est ce qu’on nous a dit, et je n’ai pas été accepté. .. Avant de repartir, je voulais quand même connaître les arènes, mais elles étaient fermées… Comme j’étais très mince, j’ai réussi à me glisser entre les barreaux de la Grande Porte et j’ai été jusqu’au centre de l’arène. Au centre parce que c’est là que tu veux être quand tu es torero. »

« Le torero doit être un psychologue. Les toros comme les personnes, tu les découvres dans leurs regards. Tu peux y voir plus ou moins de noblesse même si parfois je me suis trompé avec des toros agressifs qui se sont livrés ensuite… Aujourd’hui, je suis fasciné par le toro au campo, l’observer, le toréer. Plus tu vas dans le campo, plus tu connais l’animal. »

.. Aficionados toristes :

« ..Agressivité défensive c’est le mot. Il ne s’agit pas de bravoure, le toro qui est vraiment brave va de l’avant, il combat, il baisse la tête et au final il a de la noblesse… mais d’un autre côté, ces aficionados voient la complexité des toros, ils connaissent la diversité des élevages et des toreros. Et ça aussi c’est être un bon aficionado. »

« … Pour le toro, comme nous l’avons dit, il s’agit d’un combat où il va se battre et nous ne sommes pas là pour le combattre mais pour le comprendre, pour faire quelque chose de beau avec lui. C’est à nous de raisonner, le toro ne raisonne pas, nous si. Que nous le voulions ou non, avec tout le respect qu’on a pour lui, tous les soins qu’on lui porte, ça reste un animal, il est en dessous de l’homme. Il est fait et élevé pour la corrida, ne l’oublions pas. »

Sébastien Castella, en redondo inversé au toro n°85 de Nunez del Cuvillo, à Séville le 15 avril 2013. ©JYB archives extrait du livre Introduction à la corrida.

« Le temple c’est être en accord, en harmonie avec le toro… Pour moi le temple est une question de rythme, où d’abord tu t’accommodes à celui du toro pour qu’ensuite il s’adapte au tien et là, si c’est possible et tu en es capable, tu ralentis, tu réduis sa vitesse. Si tu torées un toro violent avec de la cadence, tu lui enlèveras cette violence. De même, s’il est faible, il ne tombera pas. »

« … quand tu t’es détaché de ton corps et que tu torées avec l’âme, tu t’abandonnes, sans se laisser aller complètement, tu peux t’enivrer de toréo.

Quand il (le toro) n’arrête pas de charger, qu’il vient et revient, je crois qu’il arrive un moment où il s’abandonne. Pour moi, l’abandon du toro c’est quand il se livre complètement dans la charge. »

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