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Le 2 mai dernier on a vu sortir à Madrid 2 toros de Juan Pedro Domecq, d’une faiblesse insigne et visiblement inaptes au combat, ce qui leur a valu de rentrer au toril pour être abattus et à Ponce, la douleur de devoir combattre un toro d’El Capea prévu pour le rejon et aux pointes, de ce fait, afeitées. Certes, éleveurs ou professionnels nous diront que les vétérinaires de Madrid refusent des toros qui auraient pu combattre et obligent les ganaderos à renvoyer des toros moins préparés pour l’arène. Certes on pourra nous dire aussi que l’hiver a été très rude en Espagne (jeunes veaux morts de froid ou attaqués par les vautours) et que généralement les toros ne montrent pas en début de saison, la forme qu’ils auront ensuite. Mais si l’on se posait d’abord la question du choix de ces toros ?

 » La majorité des élevages antiques sélectionnaient les animaux sur la typologie et phénotype, car on considérait que ces caractéristiques étaient liées au comportement dans l’arène… Il était fréquent d’associer l’aspect extérieur à la bravoure… Cette idée basique continue de régner dans l’esprit des éleveurs actuels… »

Extrait de l’excellent livre d’Antonio Purroy (p. 111), Comportement du taureau de combat à l’élevage et dans l’arène, paru chez Atlantica en 2014 (et toujours disponible).

J’ajouterai qu’elle règne également dans l’esprit des toreros : il me revient un reportage dans lequel un torero vedette choisissait le toro de plus grand trapio (susceptible d’être plus brave ou de plus impressionner le public ?) plutôt que celui, un peu moins bien présenté, surtout parce que moins lourd, dont la mère avait de meilleures notes. Or il ne put triompher avec le toro de son choix.

Photo : ©JYB lot de CUADRI pour les arènes de Madrid, printemps 2011.

Le bon sens voudrait sans doute que le comportement (les notes) des parents et des frères et sœurs du toro que l’on examine soient un critère prioritaire. Ce n’est apparemment pas toujours le cas. Mais il est vrai que les décisions des vétérinaires (du moins en Espagne), qui refusent des toros pour « falta de trapio » pas toujours justifié, posent un problème difficile à résoudre.

Un autre bon exemple du problème me semble exposé également par une des deux premières corridas de l’année à Moron de la Frontera (défi ganadero) le 28 mars : 5 toros sur 6 ont montré des signes de faiblesse (chute ou perte des mains) seul le Murube n’a pas fléchi. Tous les toros étaient bien présentés même pour une arène de 3ème catégorie, bien dans le type de l’élevage (le Pallares peut-être un peu gras, bien que, les poids n’étant pas affichés, il soit difficile de juger). Tous étaient cinquenos ce qui est normal après la saison blanche de 2020. Même le Partido de Resina, vraie estampe musclée a perdu l’équilibre !

Quelle peut être l’explication ? Peut-on y voir une conséquence du terrible hiver espagnol, encore qu’en Andalousie d’où venaient tous ces toros il ait sans doute été plus supportable. Ou est-ce un effet de leur caste : trop pressés ils perdent l’équilibre dans la charge ? Mais les deux premiers manquaient de transmission et d’agressivité après la pique. La réponse pourra être donnée éventuellement par les ganaderos car eux seuls connaissent les raisons de leurs choix.

Pour lire ou relire les resenas de ces corridas :

https://www.toreoyarte.com/uncategorized/la-saison-taurine-2021-est-lancee-enfin/

https://www.torofiesta.com/index.php?option=com_content&view=article&id=7024:2021-03-28-20-28-30&catid=1:nouvelles

https://www.eltico.org/index.php?option=com_content&view=article&id=15473:moron-de-la-frontera-28-03-2021-daniel-luque-coupe-les-deux-oreilles-d-un-grand-toro-de-murube-gines-marin-en-obtient-une-de-son-premier-miura-22280321&catid=19&Itemid=238

https://www.cultoro.es/festejos/2021/3/28/la-superclase-de-murube-la-genialidad-de-luque-42685.html