Farol de Juan Palacios devant le novillo n°70 de Pages-Mailhan, à Arles le 11 septembre 2022 matin. ©JYB
« C’est pour ça qu’il faut aller voir les novilladas » : ce titre d’un de mes précédents articles, j’aurais pu le reprendre à propos de cette becerrada de Pages-Mailhan, 6 erales de bon jeu, devant six novilleros qui avaient tous quelque chose à montrer et nous y reviendrons.
Mais parmi eux, c’est Juan Palacios qui a fait la plus forte impression, bien que ce fut sa première becerrada en costume de lumière. Originaire de l’équateur, et ayant choisi comme apodo « La Pantera de Quito », il est venu en Espagne avec l’espoir d’entrer à l’école taurine de Madrid. En Arles, il a conquis le public qui a réclamé une sortie en triomphe mais la présidence a sagement jugé qu’au vu de l’estocade la deuxième oreille n’était pas méritée ce qui est vrai pour une novillada piquée ou une corrida formelle, mais ne faut-il pas encourager la jeunesse ?
Pour le reste, il a montré un registre étendu, notamment dans les suertes spectaculaires qui portent sur le public, mais aussi une capacité à bien toréer, classiquement, même si les conseils de son professeur n’ont pas cessé du début à la fin de sa prestation.
Outre son quite au becerro précédent, il entame sa prestation par une suerte plutôt rare, puisqu’il accueille son adversaire a porta gayola, mais assis sur une chaise et le fait passer par un farol.
Dans la foulée, il enchaine sur 4 passes à genoux, toujours en farol !
Il enchaine ensuite sur les banderilles qu’il pose lui-même de manière très athlétique, en commençant par une suerte pas du tout classique, puisqu’il bondit par-dessus le toro, clouant les banderilles au passage.
On pensera ce qu’on voudra de cette manière de faire (qui a conquis l’arène) mais de toute façon, il ne pourra continuer éternellement : quand il passera en piquée puis en corrida les toros seront beaucoup plus haut et lui-même, prenant de l’âge aura moins de capacités athlétiques. D’autant qu’il a enchainé sur deux poses en quiebro, parfaitement exécutées et de plus grande valeur !
Sa faena, bien guidée par son professeur, a, bien sûr, débuté à genoux : on est novillero sinon ce n’est pas la peine !
Mais bien vite il enchaîne sur des séries plus construites manifestant une bonne appréciation de son toro et des qualités, certes à affiner, mais qui laissent de l’espoir. Pour l’encourager, la musique joue un air entrainant : Paquito Chocolatero !
Et bien sûr, pour terminer, des manoletinas, mais évidemment à genoux !
Il aurait sans doute aimé continuer, mais sur ordre de son professeur il prend l’épée de vérité et après un premier échec, où il est pourtant entré droit, porte une estocade qui va s’avérer contraire, basse mais concluante.
Il faudra sans doute suivre ce jeune homme qui devrait séduire le grand public par son goût du spectaculaire (certains spectateurs parlaient d’El Cordobes), mais pour l’aficionado ce seront surtout ses progrès dans le registre classique et la domination du toro qui seront à examiner.
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