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Cemaphore, n°85 de Yonnet, meilleur toro de la corrida, combattu par Alvaro de la Calle, à Arles le 11 septembre 2022 soir. ©JYB

Ce défi ganadero entre les élevages de Yonnet et d’Escolar Gil a tenu ses promesses malgré la seule oreille coupée : des toros encastés, compliqués parfois vendant en tout cas chèrement leur peau et leur excellent trapio.

Beauduc, n°81 de Yonnet, sorti en premier pour Lopez Chaves, à Arles le 11 septembre 2022 soir. ©JYB

Le premier Yonnet, une estampe, avec, à la sortie, des signes de réserve et de sentido, se montre après la pique très exigeant dans la muleta et il faut tout le professionnalisme de Domingo Lopez Chaves pour le dominer mais sans pouvoir lier devant les derrotes de l’animal.

Curandero, n°39 de Jose Escolar Gil, lidié en 4 ème position à Arles le 11 septembre 2022 soir. ©JYB

Au quatrième, un Escolar Gil de superbe trapio dans le style Albaserrada, qui ne fait pas grosse impression aux premiers tiers, (3 piques prises sans s’employer, coupe le terrain aux banderilles), mais à qui Lopez Chaves va faire une faena de dominio entamée par le bas et poursuivie en séries puissantes, notamment sur la corne droite.

Malheureusement, l’épée enlève tout espoir de triomphe.

Domingo Lopez Chaves dans une grande série de derechazos à Curandero, n°39 d’Escolar Gil, à Arles le 11 septembre 2022 soir. ©JYB
Domingo Lopez Chaves, visiblement satisfait de sa faena, devant Curandero, n°39 d’Escolar Gil, à Arles le 11 septembre 2022 soir. ©JYB
Alvaro de la Calle lidiant Cemaphore n°85 de Yonnet, à Arles le 11 septembre 2022 soir. ©JYB

Alvaro de la Calle vivait son premier vrai paseo depuis 2016 : depuis 6 ans, il n’avait eu de cartels que comme sobresaliente, c’est-à-dire remplaçant éventuel, sans presque jamais donner ne fut-ce qu’une passe de cape à l’un des toros du jour. Mais son gusanillo est toujours là et à 47 ans il n’a jamais renoncé.

Pedro Itturalde, de la cuadrilla d’Alvaro de la Calle, piquant Cemaphore, n°85 de Yonnet, à Arles le 11 septembre 2022 soir. ©JYB

A son premier toro l’excellent Cemaphore, qui sera crédité d’une vuelta posthume, après un gros tercio de piques, on remarque le style manquant de fluidité du torero : un peu de rigidité et le manque de cette manière de lier qui vient à ceux qui toréent plus de 25 corridas par an.

Alvaro de la Calle, en naturelle devant Cemaphore, n°85 de Yonnet, à Arles le 11 septembre 2022 soir. ©JYB

Mais la faena est très propre, pas de toreo lointain por fuera, au contraire des passes gérées au millimètre. Une demie épée concluante vient limiter les récompenses à une oreille, mais pour lui elle pèse son poids et lui ouvre de nouveaux espoirs (en espérant que le mundillo osera…)

Son deuxième toro se blessera en piste et, malgré les efforts (d’ailleurs protestés par une partie du public) du maestro, une estocade trasera sera la seule conclusion de ce coup de malchance.

Jean Loup Aillet, de la cuadrilla de Maxime Solera, piquant remarquablement Arelate n°92 de Yonnet, à Arles le 11 septembre 2022 soir. ©JYB

De Maxime Solera on peut attendre beaucoup. Une fois encore on remarque qu’il donne ses directives à son picador sans se cacher et règle le tercio de piques en fonction de son ressenti du toro. Jean Loup Aillet va bénéficier de cette situation en piquant remarquablement Arelate, toro très en pointes et qui manifeste en permanence des extranos brusques qu’il faut corriger.

Maxime Solera face à Arelate, n°92 de Yonnet, à Arles le 11 septembre 2022 soir. ©JYB

Solera va s’engager face à ce toro dur qui « joue du casque » et faire front sans réussir totalement à s’imposer car après les deux premières séries, le toro n’offre que des demies charges et se défend de la tête.

Maxime Solerae en pecho face à Arelate, n°92 de Yonnet, à Arles le 11 septembre 2022 soir. ©JYB

Le 6 ème toro ne sera pas beaucoup plus facile, très exigeant mais sans la caste habituelle des Albaserrada, plutôt avec du sentido et un danger sourd. Encore une fois un tercio de piques très bien organisé par le maestro et bien mené par Herrero.

M Herrero, de la cuadrilla de Maxime Solera, face à Confitero, n°68 d’Escolar Gil, à Arles le 11 septembre 2022 soir. ©JYB

Maxime Solera va s’arrimer face à ce toro et tirer quelques bonnes séries et des applaudissements mérités du public pour son courage et son engagement. Hélas un désastre au descabello le prive de tout espoir de récompense.

Maxime Solera face à Confitero, n°68 d’Escolar Gil, à Arles le 11 septembre 2022 soir. ©JYB

Au final, Charlotte Yonnet recevra le prix du meilleur toro de la corrida pour Cemaphore et Jean Loup Aillet celui de meilleur picador pour les piques au toro Arelate lidié par Solera.

Pour en savoir plus :

L’avis de Patrick Beuglot sur Toros2000 :

 Savoir, technique, valeur sereine, sobriété de gestes, on retrouva le torero « des Rameaux », face au toro de Yonnet, brave au cheval et plein d’allant à la muleta. De la Calle, bien à la cape, monta bonne faena, brindée à Juan Bautista, pour un grand « merci ». Certes, « l’aisance » que donne « le Toréer beaucoup » ne peut y être, mais les séries furent liées, claires et bien rematées. Demi-lame desprendida, et bonne oreille, tandis que le Yonnet s’est gagné la vuelta, et le trophée du desafio. – Malheureusement, le cinquième, devant lequel le muletero était bien parti, s’abîma un antérieur, et, malgré tous les essais, il fallut se résoudre à abréger: Pinchazo, entière caida et descabello – Par-delà le trophée obtenu, digne actuacion de celui qui repartira… « sobresaliente ».

La vidéo ici :