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David Prados, picador d’Alberto Lamelas, poussé aux planches par Carafea, n°18 de Dolores Aguirre, Céret, 16 juillet 2022. ©JYB

Le 6 mars dernier, à Alba de Tormes avait lieu une journée d’étude et de présentation d’innovations pour améliorer la lidia et surtout (à mon avis) gérer les sensibilités du public. Certaines des propositions devraient être reprises (après mise au point) dans le règlement taurin régional de Castilla y Leon.

Passons sur l’échec constaté des devises et des banderilles pour lesquelles il était proposé une simple pointe de 5 cm à la place des harpons de 6 cm actuels : plusieurs d’entre elles sont tombées au cours de la tienta qui a suivi la présentation.

Passons également sur le rembourrage de l’étrier droit du picador : il est sensé prévenir des blessures à la tête du toro. Mais qui en a constaté ? Donc un rembourrage de 5 cm d’épaisseur, enveloppé dans du kevlar est fixé à l’étrier (fixation à revoir d’ailleurs car l’expérimentation n’a pas été concluante). Admettons, pour la sensibilité des spectateurs anti..

Le premier instrument sur lequel une amélioration est proposée est l’épée : suppression de la courbure et surtout tranchant aiguisé jusqu’à 20 cm de la poignée. À noter que certains maestros ont déjà adopté cette dernière mesure qui a pour effet d’augmenter les hémorragies internes et de coucher le toro plus rapidement. La pointe serait aussi plus large, mais selon un des toreros présents pour le test, elle serait plus lourde que l’épée actuelle. En tout état de cause, cette amélioration semble aller dans le bon sens.

De même l’épée de descabello serait modifiée, affinée pour mieux pénétrer dans l’espace intervertébral et sectionner le bulbe rachidien. Là aussi, une amélioration qui semble aller dans le bon sens. La même évolution serait prévue pour la puntilla avec le même effet.

Enfin, le gros point du jour était la pique : les vétérinaires affirment que dans le morillo, les nerfs et les vaisseaux sanguins se situent sous la peau ou alors, très profondément, le long de la colonne vertébrale. On pourrait donc imaginer une pique extrêmement légère, un peu comme la pique de tienta avec un simple pointe de quelques centimètres. Mais nous n’en sommes pas encore vraiment là !

Pique de tienta. ©JYB archives

Or, outre la preuve de la bravoure du toro, l’objectif de la pique est de régler la charge pour le 3 ème tiers. Mais ceci s’obtient surtout par la dépense d’énergie du toro face au cheval plus que par la perte de sang qui choque les âmes sensibles. La solution proposée, est une pique à pyramide quadrangulaire au lieu de triangulaire. Cette forme empêche les actions néfastes comme vriller et évite les entailles dans la peau du toro car elle pénètre mieux.

Néanmoins, les professionnels qui ont expérimenté cette pique au cours de la démonstration dans les arènes sont plus que réservés estimant qu’elle pénètre mal et que les toros n’ont pas eu au 3 ème tiers un comportement satisfaisant (tête haute et difficiles à fixer) : mais le comportement du toro dépend-il de la pique ou de son caractère ? Vaste question..

On sait qu’en France l’Union des Villes taurines a imposé dans son règlement l’usage de la pique « Bonijol » plus légère et qui provoque moins de perte de sang. Cela est-il suffisant?

La pique Bonijol adoptée par le règlement de l’UVTF. Son principal avantage est de montrer que la pique est placée dans le bons sens, face plane de la pyramide en avant, couleur blanche vers le haut. ©JYB archives

Daniel Garipuy, de la FSTF, qui assistait à cette présentation apporte sur le sujet un éclairage à méditer :

« Pour ma part je considère que si réduire la souffrance du taureau en évitant toute blessure inutile est incontournable, traduire cet objectif par moins de sang me laisse sceptique. Même en divisant par deux la perte – ce dont je doute après avoir vu le sang jusqu’au sabot à Alba de Tormes – cela ne changera rien pour ceux dont sa vue est insupportable. La corrida comporte une part de violence et de sang dont la mort du taureau est le terme. Acceptons que cela soit pour certains insupportable et le restera sauf à supprimer totalement le sang et la mort du taureau.

Au-delà de l’outil, l’essentiel est la façon de s’en servir : piquer au bon endroit quand 90% des piques sont mal placées, ne pas vriller ni pomper, bien doser la pique en fonction du taureau, ne pas l’épuiser sous une monopique assassine etc… Faire que ce tercio soit équilibré, un combat loyal avec le taureau. »

Il souligne aussi la proposition de Victorino Martin de mettre en place un peto (protection du cheval) qui ne retombe pas verticalement, mais soit adapté à la morphologie du cheval, permettant au toro un combat plus régulier sans être face à un mur.

Pour en savoir plus :

Le témoignage de Georges Marcillac qui assistait à la présentation, avec des photos des nouvelles innovations proposées.