Dans la plupart des élevages, la tienta (l’essai) des vaches braves se fait dans la placita de la ganaderia avec un picador et un torero qui interviennent successivement. Chez certains éleveurs plus traditionnalistes on pratique encore la tienta a campo abierto, en champ ouvert, qui est plus spectaculaire et aussi enrichissante à regarder pour l’aficionado.
Chez Santiago Domecq, qui nous accueillait sous une pluie battante qui a fait beaucoup de bien aux cultures de la région de Cadix mais qui, hélas n’a pas franchi les crêtes voisines et n’a pas touché le reste de l’Andalousie, on pratique ainsi régulièrement l’acoso y derribo. Pardonnez la qualité de ces photos, mais les conditions n’étaient pas vraiment favorables.
2 cavaliers dont le mayoral de l’élevage sont allés séparer la vache à tienter dans le lot de vaches de 2 ans attendant l’épreuve. Ils la font courir pour l’amener à l’endroit où attend le torero du jour, et dans cet espace, d’un coup de garrocha sur l’arrière train l’un d’eux la fait tomber.
L’intérêt est dans la réaction de la vache: si elle choisit dans ce grand espace ouvert de s’enfuir en direction du troupeau de ses sœurs ou vers un coin isolé où elle se sentira en sécurité, elle engage son pronostic vital, car elle parait « manso » (sans bravoure). Mais dans presque 100% des cas, la vache attaque et se lance à la poursuite du cavalier qui l’a fait tomber.
Le cavalier s’échappe et laisse la vache isolée au milieu du campo où le torero du jour va, à son tour la tester.
D’abord à la cape, puis à la muleta, il monte une véritable faena, mettant en évidence les qualités comme les défauts de la vache.
Notons que pour mener ce travail à fond, il vaut mieux être bien équipé: c’est le cas de Juanito dont les bottes témoignent de la qualité du travail des chausseurs andalous.
Le ganadero a filmé toutes les phases de la tienta avec son téléphone portable mais pour mieux se rendre compte des qualités de sa vache, il prend lui même les « trastos » ce qui lui permet de confirmer son jugement.
A la suite de ces faenas, le ganadero émet un jugement: la vache portera les futurs toros de l’élevage ou elle sera condamnée à la boucherie ou à la revente à un autre éleveur qui cherche à rafraichir son troupeau. Cependant, l’éleveur n’est pas seul : Chez Santiago Domecq c’est le père qui reste propriétaire de l’élevage, même si c’est le fils qui le gère au quotidien: donc Santiago Domecq entendra les avis de son fils et du mayoral de l’élevage et une décision finale, collégiale interviendra après avoir visionné à plusieurs reprises les vidéos de la tienta.
Sur les deux vaches tientées ce jour, la première n’humiliait pas assez (ne baissait pas assez la tête dans la charge), la seconde courait beaucoup, mais sans vraiment charger le leurre, manquant de fixité. Pourtant elles paraissaient très bonnes aux yeux du public! Mais c’était du moins la première impression du ganadero qui faisait remarquer que les qualités comme les défauts de la mère se retrouvent 4 ans plus tard chez ses fils, mais multipliés par 3 ou 4 !
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