Manuel Escribano accueille à la cape un toro compliqué, Portero, n°51 de Victorino Martin, à Séville, le 22 avril 2023. ©JYB
On pouvait préférer la Victorinada d’Arles plus pleine d’émotions avec l’agressivité et la caste des toros que Victorino y avait envoyés, mais on n’a pas à regretter celle de Séville où la musique a joué 5 fois (on sait qu’à Séville ce n’est pas la présidence, mais le chef de musique qui décide de l’envoi des morceaux) et où l’on a retrouvé la main gauche extraordinaire de Manuel Jesus El Cid, même devant un premier toro plus noble et toréable que les autres.
C’est pourtant à son second, plus tobillero qu’il va couper l’oreille après une superbe brega de Javier Ambel (une nouvelle fois) et une faena majoritairement gauchère soutenue par la musique.
On s’est aussi rappelé que El Cid avant de mettre un terme à sa carrière fut un consentido de Séville et l’accueil plus que chaleureux du public de la Maestranza hier a montré qu’il n’était pas oublié : l’empresa Pages a eu le nez creux de lui offrir son premier contrat du retour, d’ailleurs les arènes s’étaient remplies aux 9/10 èmes, ce qui est plutôt exceptionnel à Séville pour une corrida de Victorino.
À côté d’El Cid, défilait au paseo Emilio de Justo qui après un premier très bien lidié à la cape, a montré que ses naturelles ne le cédaient en rien à celles de son grand ancien. Le toro suivant la muleta, sans excès de tobillerisme, lui permettait de conclure une faena courte par une belle épée d’oreille à elle seule.
Son second fut un modèle différent, chargeant en cherchant les chevilles du maestro et se retournant comme un chat. Protesté pour sa faiblesse apparente, il n’est plus tombé pendant la faena et a posé des problèmes au matador qui s’en est plutôt bien sorti. Il est vrai que lui aussi a une grande expérience du fer de Victorino.
Et puis il y avait Escribano : héros de Séville depuis l’indulto de Cobradiezmos (2016) il y revient chaque année toréer les Victorino. Et il tombe à son premier sur une carne, une « alimana ».
Après de belles banderilles, plutôt meilleures qu’à son habitude, le toro s’avèrera quasi intoréable et va le mettre en danger à plusieurs reprises, car l’animal ne termine pas sa charge et se retourne dans la muleta. Dans une faena de combat, il lui tirera quelques passes, surtout les naturelles finales dominatrices où le toro finit par se rendre. Ovation au courage et à la vista du torero.
Au cinquième, ce fut un autre Escribano que l’on vit devant un toro accueilli à puerta gayola puis en grandes véroniques. A la pique, le toro pousse et subit de vrais châtiments, puis les banderilles sont un peu moins belles qu’au premier mais très applaudies.
La faena sera remarquable de sens de la lidia car le toro est plus compliqué qu’il y parait : chargeant sans véritable élan, il fallait à la fois le guider et le forcer à sortir de la passe, sans qu’il s’arrête pour chercher les chevilles du torero (commentaire d’un professionnel rencontré à la sortie de l’arène, qui estimait que sa faena était meilleure que celle de l’indulto de Cobradiezmos).
La musique joue évidemment et une grande entière en décomposant les gestes fait inévitablement tomber les deux oreilles.
Au final et malgré presque 3 heures sur les gradins, le public est sorti heureux pour se rendre au campo de féria et assister à l’Alumbrada, l’illumination de la porte de la féria de Séville.
Pour en savoir plus: une resena détaillée.
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