Gaonera de Daniel Luque en quite au 2 ème toro n°77 de Nunez del Cuvillo, à Séville, le 20 avril 2025. ©JYB
Ce n’est pas totalement une corrida de déception car il y a eu quelques moments de bon toréo, mais il a manqué quelque chose notamment du côté toros pour qu’enfin une corrida de Pâques à Séville se transforme en événement.

Le lot de Nunez del Cuvillo en ce dimanche de résurrection avait quelques qualités de trapio surtout le 4 et le 5, mais tous manquaient de fond et de force. Pour compenser un peu, ils étaient d’une grande noblesse à la limite de la soseria pour les 3 premiers, et donc exploitables pour les toreros.

Le premier est changé pour faiblesse après vuelta de campana et sort le sobrero de 580 kg ( !) brillamment accueilli à la véronique par Morante. Après 2 piques quelconques, et un quite de Talavante en chicuelinas, les doblones d’entame sont remarquables et Morante initie une faena entièrement gauchère avec une série de naturelles d’anthologie où seul un avertissement à la 4 ème série fera de l’ombre au tableau. L’estocade en ½ épée contraire après pinchazo interdit tout espoir de trophée.


En second sort un toro plus violent et qui parcourt le ruedo à grande vitesse. La cape est quelconque mais il pousse à la première pique jusqu’aux planches. Luque donne un quite par gaoneras de classe.

L’entame est en doblones donnés les mains très basses et qui pèsent sur le toro. Talavante exploite bien la corne gauche du toro mais celui-ci montrera un fond de mansedumbre en allant a menos et en se réfugiant aux planches. L’estocade est trasera et tendida mais sera concluante.

Le troisième, pour Luque qui a les faveurs d’une partie du public, est un toro qui montre des signes de faiblesse. A la cape, Luque l’accueille en levant la main pour ne pas l’éprouver.

A la muleta, une belle entame sur la corne gauche laisse espérer mais le toro ne suit pas dans les séries et le torero ne peut lier.

Les belles naturelles font sonner la musique, mais le toro manque de fond et Luque doit s’arrimer pour conclure sa faena. L’estocade entière est tombée ce qui n’empêche pas l’attribution d’une oreille.

Le second de Morante sort lui aussi à toute vitesse et le maestro ne peut pratiquement rien montrer à la cape. Il semble d’emblée ne pas apprécier ce toro qui est mis en suerte pour la pique par Juan Jose Dominguez : le piquero se croit donc permis de piquer à fond, et comme le toro recharge après la sonnerie, il prendra 2 picotazos supplémentaires mais appuyés ! Morante sort avec en main l’épée de mort, mais veut d’abord tenter quelque chose, dont il ne restera qu’une belle série de naturelles avant quelques passes de châtiment et une estocade en demie épée après pinchazos. Le public réagira en division d’opinion les sifflets se mêlant aux ovations là où le silence aurait été préférable.

Talavante qui avait fait le geste après son premier d’indiquer qu’il ferait mieux au second voit lui aussi sortir à fond de train un toro noir, le meilleur de la corrida, qui impressionne. Après une bonne entame à la cape, 2 piques légères pour conserver toute sa puissance à l’animal et Javier Ambel et Manuel Izquierdo se montrent aux banderilles.

La faena est commencée à genoux avec pendule, (pueblerina pour le public sévillan ?), et suivent 2 séries liées, mais en laissant passer le toro d’assez loin, avant que le toro se réserve. L’estocade entière caïdita après pinchazo sera concluante.

Autre toro vif à la sortie, le second de Daniel Luque ne montre pas grand-chose dans les deux premiers tiers. A la muleta, le maestro essaie de lier mais doit tenir compte du manque de force et de transmission du toro. Son travail est de bonne qualité technique, ce qui après une demie épée en place permettra une pétition plus sonore que de mouchoirs lui vaudra une ovation.

Pour en savoir plus, l’excellente resena de Georges Marcillac sur toreoyarte.com
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