Il n’est plus besoin de présenter El Rafi : tout le monde sait que dès son plus jeune âge, il suivait aux arènes son grand-père, torilero de Nîmes. On sait moins que celui-ci, ancien rugbyman lui a aussi donné le goût du rugby. Cependant, il reconnait qu’il ne s’est jamais dit qu’il allait devenir torero : c’était pour lui une chose parfaitement naturelle, dès l’âge de 9 ans.
Il s’inscrit à l’école taurine de Nîmes grâce à sa grand-mère, ses parents étant plus que réticents à le voir s’engager dans cette voie, et il entre au centre Français de Tauromachie en 2009. Vont suivre 40 novilladas non piquées puis autant de novilladas entre 2015 et 2018, en France et en Espagne avec des succès marquants : une grande porte à Valence et la musique joue à Séville où il donne vuelta.

Il pratique toujours le rugby en simple amateur avec des amis, mais aussi, en famille, la pêche sous-marine qui lui apporte concentration physique et mentale. S’il a un préparateur mental, c’est plus une relation pour préparer les choses et par curiosité, que par besoin réel. Sa vie en hiver se passe souvent en Espagne pour s’entraîner à fond et s’isoler. Sport tous les jours, essentiellement footing et peu ou pas de musculation et 2 séances de toreo de salon.

El Rafi s’est fait remarquer en 2022, lors de la proposition de loi Caron : le monde médiatique a été séduit par sa jeunesse, mais surtout sa franchise et son sérieux. En fait, tout s’est déclenché après le passage dans l’émission matinale de France Inter. Mais s’il assume, il n’a jamais cherché à tirer la couverture à lui et d’ailleurs d’autres toreros se sont bien exprimés sur différents plateaux ; mais à ses yeux, le principal était de défendre la tauromachie !

Pour lui, la date la plus marquante est sa confirmation d’alternative à Nîmes : son alternative d’Arles est seulement due au Covid qui a fait annuler la féria des Vendanges 2020, et l’a obligé à respecter le contrat qu’il avait avec les arènes d’Arles. Le grand moment est vécu à Nîmes une semaine plus tard avec une porte des consuls.

Dans son toreo, il recherche le classicisme, la pureté la verticalité. Il n’aime pas définir un style personnel parce qu’il est toujours en évolution. Son approche d’une esthétique est de toréer en rond avec lenteur, en cherchant l’inspiration.
Ses relations avec son apoderado, le même depuis 2011 sont marquées par un fait : Patrick Varin lui a toujours parlé comme à un torero et non comme un élève, même quand il était encore à l’école taurine. Bien plus, il laisse les défauts apparaitre car ce sont les défauts qui font l’originalité du style du torero et créent sa personnalité dans l’arène.
Où trouve-t-il l’inspiration ?
Chez les plus grands Morante, El Juli, (il a été au cartel avec eux) mais aussi Manzanares père ou Joselito avec qui il aurait aimé toréer. Il se réfère aussi aux personnalités du sport ou de l’art.
Quelle féria l’a le plus marqué ?
Une féria d’Eauze devant des toros de Blohorn, où il a donné une faena supérieure mais s’est fait prendre à l’estocade : cette fois, il a ressenti quelque chose de plus !
Quid du syndrome c’était mieux avant ?
Actuellement, il y a une petite pente descendante surtout avec le départ de grands maestros comme Morante, mais cela va remonter car il y a de très grands toreros sur le circuit.

Comment peut-on vivre à 25 ans avec une telle passion et si peu de contrats ?
En fait il est impossible de vivre sans toréer. Il n’a jamais envisagé de devenir torero de plata. Les contrats, ce n’est pas forcément la faute de l’apoderado : les empresas ont leurs critères de choix. Il faut donc être résilient et continuer !
Comment envisage-t-il le rapport tradition-modernité ?
La modernité ne doit pas apparaître au détriment de l’essence de la tauromachie. Pour l’organisation de la corrida, il n’y a pas grand-chose à changer : quelques détails techniques éventuellement sur les trastos.
Quels points communs trouve-t-il entre Toros et Rugby ?
Les qualités nécessaires sont les mêmes : le courage d’abord et la volonté de se surpasser. Et puis, dans les deux mondes, il ne faut pas oublier qu’on a une équipe autour de soi.
Comment envisage-t-il les deux côtés de la corrida : le combattant et l’artistique ?
Le combat est d’abord avec soi-même car le toro crée de la peur : on se bat pour son intégrité physique. Et pour cela il faut un minimum d’orgueil. Mais dans tous les cas, le combat est au service de l’art, car l’émotion doit aussi être artistique.
Y a-t-il une préparation adaptée au toro ?
Oui bien sûr, car il faut savoir comment les toros réagissent en fonction de leur encaste.

A la fin de son entretien avec Antoine le président de Culturaficion, Rafi a reçu deux cadeaux : le T shirt « Paris ville d’aficion » et une superbe photo, avant de signer la cape qui sert de livre d’or à Culturaficion.


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