Dorian Canton à Culturaficion 21 octobre 2024. ©JYB
Dorian Canton était l’invité de Culturaficion cette semaine. Suivant la tradition, il a d’abord rencontré les aficionados practicos de l’association pour une master class et des conseils bienvenus avant le stage que les jeunes gens doivent vivre dans une ganaderia du Sud-Ouest au cours du week-end.
Le jeune maestro a d’abord pris la muleta et démontré la finesse de son toreo, avant de prendre lui- même les cornes (impressionnantes) pour mieux faire sentir la charge du toro aux passionnés présents.
Il a ensuite distillé conseils et prescriptions techniques à chacun au cours d’une séance qui s’est prolongée pendant près de 2 heures. Parmi ses remarques, certaines dévoilaient son style, plus proche du clacissisme madrilène que de la fantaisie andalouse: « pour donner de la profondeur aux passes, il faut que les deux talons restent collés au sol; Jose Tomas ne lève jamais le pied. Talavante toréait ainsi à ses débuts, mais le fait moins aujourd’hui. »
Cette séance s’est poursuivie le lendemain par une rencontre avec les aficionados parisiens où le maestro a été interrogé sur sa carrière et son aficion: C’est à 8 ans, après avoir vu une novillada avec son père qu’il a décidé qu’il serait torero. A 9 ans il entre à l’école taurine de Richard Milian, Adour Aficion, et évoque les 3 heures de route que ses parents consacraient chaque week-end pour l’accompagner !
De ces 8 ans avec le maestro, il évoque sa première rencontre avec une vache: il avait 11 ans et se préparait à sortir de second. mais le ganadero avait sélectionné une vache de presque 4 ans, très grosse, avec des cornes en pointes. Il insiste pour sortir et personne ne pense qu’il pourra donner autre chose que 2 ou 3 passes. En fait, il va la faire passer pendant 3 ou 4 séries complètes suscitant espoirs et admiration des présents !
A partir de là, sa jeune carrière s’envole 1 an plus tard, il torée 13 novilladas dont une à Madrid. Le plus impressionnant, à 16 ou 17 ans, c’est de se dire qu’on a une cuadrilla à diriger et des ordres à donner à des hommes qui ont 2 fois son âge. En fait, cela vient naturellement, et la confiance aidant, l’entente se crée.
En 2019, il doit prendre l’alternative à Bayonne, mais la corrida est annulée pour cause de pluie 1/4 d’heure avant la course. Grosse déception pour le premier matador originaire du Béarn, ce dont il n’est pas peu fier, et plus jeune torero français à prendre l’alternative (à 18 ans). Il lui faut rebondir et finalement, ce sera à Villeneuve de Marsan où il avait un contrat signé une semaine plus tard. Alternative dramatique puisque son toro de consécration se casse la patte et doit être liquidé et que son second se couche au milieu de la faena. La malchance frappe encore avec la COVID en 2020 sauf en septembre où à Aire sur l’Adour, il coupe 2 oreilles, ce qui va être un boost pour l’année suivante.
Depuis 2019, il vit à Madrid où il retrouve son banderillero de confiance et peut s’entraîner avec Roman ou Sanchez Vara, même si ceux-ci en toute convivialité n’ont pas d’influence sur son toreo. Ce dernier est marqué par la recherche de la profondeur artistique, avec un style plus vertical : de ce point de vue il écoute les conseils d’Uceda Leal, et s’inspire du Yiyo, plus que de Joselito, même si leurs concepts sont proches.
En 2024, tant à Aignan qu’à Aire sur l’Adour, il tombe sur des toros compliqués ce qui lui vaut (à Aire) une blessure à la face quand il est pris au sol. Tous ceux qui ont pu le voir à l’infirmerie était blancs et ressortaient rapidement, mais comme il le dit : « moi je ne vois pas ma cicatrice ! » Cela lui permet de toréer et couper une oreille à La Brède une semaine plus tard, mais la douleur est venue après…
Pour 2025, les contrats ne sont pas encore signés mais son espoir est d’entrer dans le Sud-Est et aussi en Espagne, où il pourrait poser sa candidature à la Copa Chenel, avec le rêve de confirmer à Madrid.
En conclusion de son interview, sous les applaudissements enchantés de la nombreuse assistance, Culturaficion a remis à Dorian Canton la photo d’une superbe naturelle prise à Mont de Marsan 2024 par Laure Crespy.
EN COMPLEMENT :
L’interview décalé de Dorian Canton
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