Miraflores, n°86 de La Quinta, lidié à Arles par Morante de la Puebla le 3 juillet 2021. ©JYB archives.
Plus de 90 personnes s’étaient réunies, malgré quelques désistements dus à la grève et aux manifestations, pour cette soirée qui aurait dû voir le triomphe de Daniel Luque et des ganaderos de La Quinta. La seule déception a été l’absence du maestro retenu en Espagne.
Mais ce fut une belle tarde au cours de laquelle, Jean-Baptiste Jalabert a assumé avec brio et humour le rôle de sobresaliente et les frères Martinez Conradi qui représentaient leur père ont dévoilé quelques souvenirs et leurs principes d’élevage.
Jean-Pierre Hédoin a ouvert le feu en évoquant quelques grandes dates de la ganaderia : 2006 avec à Bilbao la dernière corrida de Davila Miura obligé de combattre 4 toros après les blessures de ses compagnons de cartel. 2010 où la Quinta reçoit pour la première fois le prix de la rencontre pour Azulero lidié par Curro Diaz. 2013 l’événement d’Istres avec l’indulto de Golosino par Juan Bautista. 2018 premier triomphe de Luque devant l’élevage à Bayonne. 2022, le triomphe de Dax.
Mais après cette introduction, et suivant la tradition du club, les invités doivent se soumettre aux questions souvent pointues des membres : La première a porté sur les méthodes de sélection, notamment des sementales : le premier critère pris en compte est celui des lignées (reata) ; le trapio compte, bien sûr car pour lidier en plaza de primera, les cornes sont obligatoires et le poids compte aussi ; vient ensuite une tienta à 3 ou 4 ans, car c’est l’âge auquel le toro a développé ses qualités ou ses défauts. Et c’est le résultat de cette tienta qui compte le plus.
Autre question à propos des toreros et du fait que le toro de Santa Coloma doit être compris.
Il parait noble mais a un rythme particulier et c’est la difficulté car si le toro charge vite on a moins peur. Mais ce type de charge les intéresse car c’est ce qui met à l’épreuve (et en valeur) les toreros, bien que cela donne parfois au spectateur l’impression qu’il pourrait le faire ce qui est mauvais pour le spectacle ! Juan Bautista insistant sur ce point : le rythme du Santa Coloma permet très peu d’erreur et il faut une maîtrise technique supérieure.
Alvaro Conradi a notamment insisté sur le regard très particulier des toros de Santa Coloma : il permet de les toréer très bien mais toujours difficilement. Il a également parlé de leur bravoure cachée que le matador doit aller chercher pour la mettre en évidence.
À une question sur l’histoire de La Quinta (2 ème fer de Buendia dans les années 70 puis traversant un bâche avant d’être racheté par la famille Conradi), Alvaro Conradi a reconnu que dans les années 80, les toros de Santa Coloma ne chargeaient plus : il a donc fallu 15 ans à son père, en ne faisant lidier que des novilladas, pour remonter le courant. Les premières corridas de la Quinta remontent donc à 2005-2006 ce qui a permis de bien connaître et bien sélectionner les toros.
De son côté, pour excuser l’absence de Daniel Luque, son apoderado a dévoilé qu’on pourrait le revoir devant les toros de La Quinta au cours de la féria Pascale d’Arles. Lui-même a avoué que s’il lui arrivait parfois de tienter une vache de temps en temps, il ne ressentait pas le manque ni l’envie de revenir aux arènes.
Il a aussi évoqué son second protégé Marco Perez, qui atteignant 16 ans fin septembre, sera bien à Istres en fin de temporada devant des novillos : « À 15 ans, il comprend les toros comme un matador ayant 10 ans d’alternative ! » Auparavant il aura participé à des festivals en bénéficiant d’une dérogation d’âge comme ce fut le cas à Séville en octobre dernier (1 er rabo depuis 54 ans à Séville !)
Le couronnement de la soirée fut, bien sûr, la remise du prix Rencontre du CTP qui couronne la rencontre entre un toro de grande classe et le matador qui a su exprimer ses qualités. Le prix 2022 décerné par un vote des membres est donc allé à Sardinero de La Quinta, lidié et gracié par Daniel Luque à Dax. Ce fut d’ailleurs une rencontre entre un toro, un torero et une ville, Dax ayant remplacé lors de la vuelta finale le cri traditionnel de Torero torero par Luque, Luque !
Juan Bautista a également reçu au nom de Daniel Luque le prix Claude Popelin 2021 qui récompense la meilleure performance d’un matador au cours de la temporada française. Présenté par Jean-Pierre Clarac, pour la temporada 2021, ce prix a évoqué des souvenirs à Juan Bautista qui l’a déjà reçu à 2 reprises.
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