Fer de Murteira Grave représentant un éperon, ayant permis à l’élevage d’entrer sur le marché espagnol en rejoignant l’UCTL. ©JYB
Dom Joaquim Grave est un homme heureux : tous les toros de sa camada 2023 sont vendus ! Pour le Portugal, ceux qui ont la tête plus commode seront lidiés à cheval : les autres dans deux corridas dont l’une à Azpeitia, l’autre en Estrémadure et un toro isolé pour la corrida concours de Cenicientos. On a vu dans mon article précédent comment se faisait la sélection des vaches, revenons maintenant sur l’élevage proprement dit.
La finca Galleana compte 918 hectares achetés par le grand-père de Dom Joaquim en 1944. Ce fut la date de la création de l’élevage avec pour encastes fondateurs, Gamero Civico, Pinto Barreiros et une pointe de Santa Coloma.
En 1958 premier rafraichissement avec un achat chez Guardiola Soto.
Suivent en 1970 2 sementales de Nunez
En 1980, 1 de Paquirri (Nunez Villamarta) et 1 Tamaron
Et en 1990 2 sementales de Juan Pedro Domecq, puis en 2003 2 sementales de Jandilla.
Ce mélange des encastes (sans achat de femelles sauf au début) a produit un élevage varié avec 55 reatas (familles) différentes. On ne peut donc affirmer qu’il s’agit d’un élevage de rame Domecq, mais plutôt d’un encaste propre après 80 ans de sélection et de fusions successives.
Pour en savoir plus :
http://www.terredetoros.com/elevage.php?m=0&l=451
La ganaderia compte 230 vaches de ventre réparties en 7 lots. Les sementales qui sont mis sur les vaches du 1 er novembre au 15 mai environ (en fonction de la sécheresse) ne couvrent que des vaches d’au moins 3 ans, les tientas ayant lieu à 2 ans et demi, car les vaches doivent être fortes.
Les vêlages ont lieu d’août à octobre ce qui ne pose pas de problème d’alimentation et de lait pour les veaux. Ceux-ci restent avec la mère au moins 8 mois. Les mères portent jusqu’à l’âge de 15 ans soit 12 vêlages. En fait le problème est qu’au-delà de cet âge leur production de lait n’est plus suffisante pour le veau.
Les toros regroupés par lots dans des cercados séparés courent 3 fois par semaine pendant une dizaine de minutes à chaque fois, en faisant le tour de l’enclos poussés par des voitures : pourquoi ? parce que le recrutement de vaqueros maitrisant l’équitation est de plus en plus difficile et surtout que la corrida portugaise nécessite que les toros n’aient pas l’habitude du cheval et du cavalier.
Les toros vendus portent les fundas, à partir de 3 ans et demi, d’abord parce que les empresas des grandes plazas l’exigent et ensuite parce que le taux de pertes en pelleas (bagarres) des toros a drastiquement baissé depuis l’invention de cette technique. Dom Joaquim qui a une formation de vétérinaire en est aujourd’hui un partisan convaincu, tout en soulignant que les fundas n’empêchent pas les blessures, puisqu’il a lui-même eu la jambe transpercée par la corne d’un toro qui portait des fundas.
On sait que l’élevage du toro de combat n’est fondamentalement pas rentable : si le prix de vente est inférieur au coût de l’alimentation (pienso) et n’atteint pas actuellement au moins 5000 €, la vente se fait à perte. La ganaderia doit donc avoir des revenus complémentaires : Une partie des terres est louée à un éleveur de bovins pour la viande et l’élevage possède une deuxième finca où paissent des « mansos » élevés pour la viande également.
Mais la ressource complémentaire vient du tourisme : Dom Joaquim reçoit chaque année, en groupes environ 2000 visiteurs dont 6 à 700 français envoyés par une agence qui inclut la visite d’un élevage dans ses circuits au Portugal. Bien sûr, la quasi-totalité ne sont pas aficionados, mais ils découvrent l’autre réalité du monde taurin et cela permet à Dom Joaquim de prononcer sa phrase fétiche : « Walt Disney c’est à Paris, ici c’est le monde réel. »
Pour contacter la ganaderia:
jgrave4@gmail.com (le ganadero parle un excellent français)
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